Hijâma : Jours lunaires, interdits ou recommandés?
Doit-on faire obligatoirement la hijâma le 17, 19, 21 par rapport au hadith ou c’est juste une recommandation ?
Comme vous savez, la plupart des praticiens de hijâma parlent des jours sunnah appelés aussi jours lunaires dans la pratique de la hijama, ces jours correspondent au 17 et 19 et 21 du mois Hijri se basant sur un hadith Mawqouf :
« Les compagnons du prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) faisaient la hijama au cours des jours impaires du mois (lunaire). «
(Rapporté par at-Tabari dans Tahdhiib al-Aathar n° 2856 où il dit: Dawoud nous a raconté que Hisham lui avait raconté d’après Qatada qui le tenait d’Anas.
Cette chaîne est authentique et c’est un hadith mawqouf.
Qu’est ce qu’un hadith mawqouf ?
Les ahadiths que l’on appelle “mawqouf” sont des ahadiths qui sont affiliés à un compagnon (sahabi) et non pas au prophète صلى الله عليه وسلم. Avoir recours à ce texte comme valeur d’argument est donc rattaché à la parole du compagnon.
Cela veut dire que le messager d’Allah ﷺ n’aurait pas mentionné un jour particulier pour la pratique de la hijama.
La majorité des savants et surtout des spécialistes du hadith sont d’avis qu’il n’y a aucun hadith sur le moment pour faire ou ne pas faire la hijama qui soit authentique.
Ceci est l’avis du grand spécialiste du hadith abu zur’a, un des avis de l’imam ahmad, c’est aussi l’avis d’al ‘uqayli, ibn ljawzi, ‘abdurahman ibn mahdi et ibn hajar et d’autres.
Ceci étant dit Ibn lqayyim a évoqué que tous les médecins sont d’accords pour que la hijama au troisième quart du mois est préférable. Ceci est constaté par beaucoup de hajjam, donc même si ce n’est pas authentique, c’est confirmé par l’expérience.
Mais Ibn lqayyim précise que pour traiter une maladie, on l’emploi quand cela est nécessaire (c’est-à-dire sans attendre).
Y’a t-il des jours interdits ?
Ce qui est rapporté de la majorité des savants et en particulier des savants du hadith est que les ahadith sur un moment déconseillé pour faire la hijama sont tous faibles.
Parmi eux, l’imam Malik, le grand spécialiste du hadith abu zur’a, abdu-r-rahman bnu mahdi, c’est un avis attribué à l’imam Ahmad, al-‘uqayli, Ibn ljawzi, nawawi, ibn hajar qui dit également que c’est l’avis qui apparait du chapitre cité par Al boukhari.
1. On a interrogé l’imam Malik sur la pratique de la hijâma le samedi et le mercredi et il a dit: «Il n’y a aucun inconvénient à le faire. On la pratique tous les jours et je ne réprouve rien de tout cela.»
Citation abrégée. Voir al-Mountaga charh al-mouwatta (7/225) citant al-outbiyya.
On lit dans al-fawakih ad-dawaani (2/338), un ouvrage malikite :
« On peut la pratiquer tous les jours de l’année, y compris le samedi et le mercredi.»
Mieux, l’imam Malik faisait même la hijâma pendant ces jours et ne réprouvait la prise d’aucun médicament au cours de ces deux jours.
Les hadiths qui mettent en garde contre la pratique de la hijâma ces jours ne sont pas authentiques pour lui.
2. Abdourrahman ibn Mahdi (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dit:
«Rien de vérifié n’a été reçu du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) à propos de la détermination de jours pour la pratique de la hijama, même s’il l’a bien recommandée.»
Cité par Ibn al-Djawzi dans al-Mawdhouaat (3/215).
3. Al-Khallal rapporte d’après l’imam Ahmad que le hadith n’est pas bien vérifié.
Cité par Ibn Hadjar dans Fateh al-Bari (10/149).
4. Al-Bardhai dit:
« J’ai constaté qu’Abou Zouraa ne reconnaissait l’authenticité d’aucun hadith réprouvant ou recommandant la pratique de la hijama en un jour particulier.»
Les interrogations d’al-Bardhai(2/757)
5. Al-Hafedz Ibn Hadjar dit dans l’explication de ces propos de l’imam al-Boukhari: chapitre sur à quelle heure peut on se faire appliquer la hijama?
Abou Moussa se le fit appliquer la nuit.
« On a reçu à propos des moments recommandés pour la pratique de la hijama des hadiths dont aucun n’est vérifié sur la base de ses critères.»
On dirait qu’il entendait dire par là qu’on peut se la faire appliquer au besoin sans privilégier un moment par rapport à un autre puisqu’il a mentionné qu’on la fait la nuit.
Extrait de Fateh al-Bari (10/149).
6. Al-Ouqayli (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: «Ce chapitre ne contient rien de vérifié à propos du choix d’un jour pour la pratique de la hijâma.»
Extrait de ad-Dhouafaa al-Kabiir (1/150).
7. Ibn al-Djawzi (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a consacré des chapitres dans son ouvrage intitulé al-mawdhouaat (3/211-215) et y a rassemblé les hadiths reçus sur le sujet et les a commentés en ces termes:
«Aucun de ces hadiths n’est authentique.»
8. L’imam an-Nawawi (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dit:« En somme, aucun hadith n’a été vérifié à propos de l’interdiction de la pratique de la hijâma au cours d’un jour déterminé.» Voir al-Madjmou (9/69).
Cependant an-Nawawi juge bon le hadith qui fixe la pratique de la saignée les 17, 19 et 21 du mois (lunaire).
9. Al-Hafedz Ibn Hadjar (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde):
«Aucun de ces hadiths n’est authentique.»
Voir Fateh al-Bari (10/149).
Et l’effet des marées sur la circulation sanguine ?
Il existe des recherches sur l’effet des marées lunaires sur les divers systèmes, y compris la circulation sanguine et l’eau dans le corps humain, bien que ces études soient encore limitées et parfois controversées.
Ces hypothèses nécessitent davantage de recherches pour être validées.
De même qu’il n’existe pas de preuve scientifique concluante que la force gravitationnelle de la lune cause un gonflement significatif du volume de sang dans les veines humaines. C’est un sujet qui nécessite encore des recherches pour mieux comprendre les interactions potentielles.
En conclusion,
Les compagnons privilégiaient le 17 et le 19 et le 21 car ce sont des jours dans le dernier tiers du mois hijri et sont des jours impairs.
Cependant, les imams ont expliqué qu’on pouvait pratiquer la hijama à tout moment si on en a besoin.
Ils ont également affirmé qu’aucun hadith n’aurait été authentifié, parlant d’un jour précis pour la pratique de la hijama.
Bien que certaines traditions et croyances populaires suggèrent que la circulation sanguine pourrait être « excitée » ou influencée au milieu du mois, les preuves scientifiques à cet égard sont encore limitées